Les 10 meilleurs albums de 2023 - Alworld.fr

Les 10 meilleurs albums de 2023 et 1/2

Les 10 meilleurs albums de 2023, année d’éclat. Indomptables, Frais, sexuels, sombres, beaux, improbables, ils ont marqué cette année 2023 au fer rouge. Sélection.
Slayyyter - STARFUCKER
10/ Slayyyter – STARFUCKER

Label : Fader Label | Genre : Electro / Pop / Electroclash

On pensait l’électroclash moribonde ? Slayyyter prouve le contraire, et n’hésite pas à étaler sa plastique avantageuse et son désir sexuel vorace sur la table. Le tout sans retenue et sans légéreté. On pourrait craindre l’overdose mais l’album est de qualité et suprême raffinement, on y voit l’éclosion d’une futur pop star. Le clinquant I Love Hollywood, le funky Miss Belladonna, l’entraînant DramaticMy Body assez efficace, les chansons Rhinestone Hearts et Memories of You qui rappellent les glorieuses (et bonnes) heures des années 2000. La splendide pépite Erotic Electronic, merveilleuse et dansante, Purr sombre et décadent, Plastic, régressif. Bref, la seconde partie s’avère plus intéressante et plus dark que la première. Peut-être pas 100% abouti, mais 1000% frais, sexuel et prometteur, c’est sûr ! Taylor Swift et Lady Gaga n’ont qu’à bien se tenir car une adversaire de taille se profile à l’horizon.

Ex-aecquo avec : 

Ashnikko - Weedkiller
10 / Ashnikko – WEEDKILLER

Label : Parlophone / Warner | Genre : Electro / Metal / Rap

On peut donc dire que 2023 aura été un excellent cru en matières d’albums qui déchirent ta mère. Pardon pour la vulgarité. Connue pour ses EP et ses singles sorties par fournée sur toutes les plateformes musicales, Ashnikko récidive pour de bon. La petite fée anglaise aux cheveux bleus se transforme en monstre protéiforme douce comme une étoile et parfois cassante comme une épée ébrechée dans WEEDKILLER. Etrange en bouche, fragile et violent, l’album se déguste longuement. Magnifique intro World Eater, le destructeur You Make Me Sick, le très beau Worms et son rap écorché, la fausse tranquilité de Super Soaker avec Danielita Lalita, l’effrayant Don’t Look At It, le rythmique Cheerleader, le lyrisme écorché de Moonlight Magic, le miaulement anémique de Miss Nectarine. Et la fin en douceur Dying Star. Ce mélange fou de rap, métal et pop ne laissera personne indifférent. Pas de doute, on a la conformation d’une étoile (bleue) à suivre de très près.  

6/ Everything But The Girl – Fuse

Label : Buzzin’ Fly & Virgin Records | Genre : Electro

On est pas tellement habitués, à notre époque, à attendre un autre album plus de 3 ans. Est-ce qu’on pourrait parler d’éternité en parlant de 24 PUTAIN D’ANNEES D’ATTENTE? Everything But The Girl et leur cultissime Missing, hit des hits, ca fait quand même une sacrée double décennie. Et puis, plouf, Fuse sort cette année. Verdict ? Ca valait clairement l’attente, les rageux vont en modre leur coussin. Peut-être que l’album ne révolutionne par le genre électro, mais il lui donne de très belles ballades : simple et efficace Nothing Left To Lose (ironique comme titre n’est ce pas), Run A Red Light, d’une beauté effarante, merveilleux et frais Caution To The Wind. Puis l’album s’improvise ballade irlandaise au parfum de clubbing avec When You Mess Up, sans fioriture, le très beau Time and Time Again, No One Knows Where We’re Dancing envoûtant et hypnotique, le régressif Lost, le mélancolique Forever. Preuve que les vieux briscards de l’électro ont encore la peau dure et de l’énergie à revendre. Les années clubbing sont peut-être derrière, mais l’héritage continue toujours. Et avec les darons, on peut marcher tranquille sur le chemin de l’électro…

Everything But The Girl - Fuse
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8/ Gaz Coombes – Turn the Car Around

Label : Hot Fruit Recordings & Virgin Music | Genre : Pop/Rock

Et dans la case des retours gagnants, on coche avec joie celle de Gaz Coombes, échappé de Supergrass et de Hot Rats. Après bien des atermoiements, le vétéran de la Britpop sort son admirable Turn The Car Around, à la guitare toujours inspirée et à la voix toujours impeccable. Mon coeur s’emballe à l’écoute de Overnight Trains, il est foudroyé par Don’t Say It’s Over, il est terrassée par les riffs contagieux par Feel Loop. On se retrouve un temps dans le Londres fiévreux des années 90 avec Long Live The Strange, on apprécie le calme d’une ballade celte avec Not The Only Things, le parfait Turn The Car Around, le régressif et joyeux This Love, le classieux Sonny The Strong, ou encore le remarquable Dance On, magnifique conclusion douce-amère, avec toujours ces merveilleux et sensibles riffs de guitare inspirés. Le charme fiévreux british typique embellit ce come-back de belle façon. 2023 est décidément l’année des retours réussis, et Gaz Coombes ne fait pas exception à la règle. Turn The Car Around nous replonge avec délice dans les belles années de la pop anglaise.

7/ Blur – The Ballad of Darren

Label : Parlophone | Genre : Pop / Rock

Si on m’avait dit que cette année j’aurai un album de Blur et de Gorillaz en même temps j’aurai certainement pleuré. Raté, c’est déjà fait. Que dire sur The Ballad of Daren qui n’a pas été déjà dit par tout le monde? Que Blur se bonifie avec le temps ? Que Damon Albarn chante toujours aussi bien? Que cet album est supérieur à The Magic Whip? Que c’est de la putain de balle ? Oui certes. Le charme opère toujours. Pardon pour la vulgarité, mais effectivement la magie prend. Magnifique à pleurer The Ballad, énergique et blurresque St Charles Square, Barbaric rondement mené, classique et parfait Russian Strings, la belle ballade intime The Everglades, le single bien choisi et mérité The Narcissist, à la rythmique toute entière, l’insubmersible Goodbye Albert, et mon coeur a chaviré une seconde fois, et ressuscité avec la fin d’album The Heights, une parfaite synthèse de tout ce que Blur peut faire de beau. Les mots me manquent pour vous parler de la beauté sincère et entière d’un tel disque. La fan que je suis est rassasiée, et prête pour le futur.

Blur - The Ballad of Darren
Róisín Murphy - Hit Parade
6/ Róisín Murphy – Hit Parade

Label :  Ninja Tune | Genre : Electro / Pop

Un conseil : ne jamais se fier à la pochette d’un disque. Si cette face épouvantable de clown peut en dégoûter plus d’un, alors un bébé nu dans une piscine ne symbolisera jamais le meilleur disque de grunge de tous les temps ! Mais je m’égare. Il faut se mettre à l’évidence : Hit Parade est une parfaite parade. Réalisé avec Dj Koize, c’est l’album idéal pour un dancefloor intelligent et recherché. Roisin Murphy poursuit ses états d’âme soul avec de l’électro. Et le pire c’est que ça marche. Le sec et franc What Not To Do, l’impressionnant CooCool, bucolique et jazzy The Universe, Hurtz So Bad et sa rythmique engageante, le pétaradant The House, l’inoubliable Fader, le magique Free Will. Bref, du bonheur en barre. Cette installation à Ibiza pour Murphy s’est annoncée bénéfique pour la sortie de ce disque dans l’écurie Ninja Tune (Bonobo, Helena Hauff que diable!). Si le clubbing sans âme de cette île à fort potentiel pouvait s’en inspirer, alors Murphy aura fait une pierre deux coups : un splendide album et une belle postérité. Champagne ! 

5/ Disclosure – Alchemy

Label : Apollo Records | Genre : Electro / 2-step

Dur de faire mieux que Settle, hypernova qui happa toute la lumière électro sur elle en 2013. Depuis, pas grand chose. Caracal, commercial, Energy, un peu rasoir, Never Enough, un poil mieux. Vous vous étiez ennuyé? En écoutant Alchemy, vos craintes s’envoleront enfin. Parce que Disclosure est ENFIN revenu, il était temps les boys !! Alchemy est un chef-d’oeuvre exécuté sans fiorture, franc, beau, sincère. Le tout sans sample (trop) commercial, et sans featuring. On repart de zéro, on oublie les gros stades et on revient à l’ambiance feutré d’un club. Le magnifique Looking For Love, le rythmé Simply Won’t Do, l’astral et splendide Higher Than Ever Before, le magique A Little Bit, Go To Distance funky et dansant, la ballade vocale planante et soul de Someday…, le débonnaire We Were In Love, la perle stellaire Sun Showers, l’océanique et doux Purify, la classe internationale Brown Eyes, le jovial Talk On The Phone. Un retour aux sources salutaire et vivifiant, n’oubliant pas les racines noires évidentes de l’électro. Les frangins Lawrence ont entendu les conseils qu’on leur a donné : patience, grâce, simplicité et beauté. Bravo.

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4/ Kelela – Raven

Label : Warp Records | Genre : Soul / Electro

La première écoute fut foudroyante, la seconde me terrassa sans un mot. Oui, il existe des albums sur Terre qui vous tue en une seule seconde. Raven est la preuve irréfutable que Warp a bien fait de signer la somptueuse Kelela dans leur catalogue prestigieux (Aphex Twin, Autechre, Danny Brown, Boards of Canada que diable!!). Le beau à pleurer Washed Away, le flash lumineux Happy Ending, le subtil Let It Go avec cette voix planante et parfaite, le magnifique On The Run, Missed Call, classieux, Closure dans la même veine, paradisiaque Contact, étrange Fooley, angélique Holier, lumineux Bruises, magique Divorce. Un album généreux, d’une grâce sans faille, d’une splendeur à faire pleurer des rivières. Pourvu de 15 titres tous plus admirables les uns que les autres, Raven est l’immanquable album électro de cette année. Une plongée brillante et envoûtante dans l’univers particulier et classe de Kelela, assurément la nouvelle Beyoncé des années 2020.

3/ Doja Cat – Scarlet

Label : Kemosabe Records / RCA | Genre : R’n’B / Soul / Rap

L’album qui a tout cassé cette année, Scarlet et ses araignées grignoteuses de bon son. On laisse de côté les polémiques à deux balles de côté (Doja Cat sataniste, les critiques esseulés, les messages codés, who cares sérieux?), et on se concentre sur cet album très sombre. Fini le Hot Pink du début, et bonjour aux allusions lourdes sur la sexualité trouble, la sorcellerie féministe, le rouge sang, le stupre, le démon de la célébrité. De toutes les mutations musicales de cette année, Scarlet est la plus intéressante. Et la plus tordue. Parfait et sombre Paint The Town Red, gothique et magistral Demons, l’improbable et réussi Wet Vagina, Fuck The Girls, à la soul déstructurée et envoûtante, Ouchies, dansant et démoniaque, le tordu 97, le faussement mielleux Gun, Go Off et son hymne de sororité, le douceâtre Shutcho, Agora Hills et sa fragilité étrange et contagieuse. Scarlet est un disque généreux, mais retors, difficile d’accès, mais qui s’avère passionnant et foudroyant. Doja Cat risque sa carrière en virant arachnophobe et démonophile. Et le pire, c’est que ça marche. Un disque inoubliable, tendre et sauvage.

Doja Cat - Scarlet
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2/ Caroline Polachek – Desire, I Want To Turn Into You

Label : Perpetual Novice | Genre : Pop / Electro

Et dire que certains pensent que la fin de Chairlift était la fin de Caroline Polachek ! Ils riraient bien aujourd’hui en écoutant son album solo, le bien nommé Desire, I Want To Turn Into You. De désir il en est question, il nous bouleverse à chaque écoute de ce disque. On n’en revient pas de tant de maîtrise : l’envolée lyrique Welcome To My Island, Pretty In Possible, hypnotique, prenant, Bunny Is A Rider, énergique et pop, l’hispanisant et étrangement beau Sunset, Crude Drawing Of An Angel, mélancolique et magique, I Believe, sensuel et magique, trio au sommet Fly To You avec Grimes et Dido (wow!), enlevé Blood & Butter, Hopedrunk Everasking d’une douceur sans nom, Butterfly Net, suranné et romantique, sensuel et exotique Smoke, conclusion énervée et féminine Billions. Un voyage d’une incroyable complexité dans les méandres d’un cerveau féminin en plein ébullition, entre devoir, retenue, passion, force et fragilité. Certainement le meilleur album de nouvelle pop à ce jour !

1/ Gorillaz – Cracker Island

Label : Parlophone | Genre : Hip-Hop / Electro / R’n’B

Et j’accueille sur le podium la seconde perle du collier 2023 : Cracker Island. Depuis Song Machine, on peut dire que Gorillaz est revenu en très grande forme. Le duo avec Thundercat Cracker Island est efficace, très rythmé et magnifique, le duo avec Stevie Nicks Oil, splendide et triste, The Tired Influencer, beau et simple, l’incroyable Silent Running avec la prometteuse Adeleye Omotayo, l’époustouflant New Gold avec Tame Impala et Bootie Brown, d’une splendeur sans nom, l’inspiré Baby Queen, le piquant et le rythmé Tarantula, le duo improbable et beau avec Bad Bunny Tormenta, la ballade country Skinny Ape qui renoue un peu avec les côtés Ghost Train des débuts, la merveilleuse conclusion Possession Island en duo avec ce bon vieux Beck. Rien à dire de plus sur ce disque très pop, le plus pop de la discographie de Gorillaz, assurément. Très optimiste (ça change), parfois chagrin, parfois chafouin, toujours énergique et plein d’entrain, Cracker Island mérite qu’on y séjourne. En évitant le gros démon du fond du sable qui veut vous manger…

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Mentions spéciales 2023

Troye Sivan – Something to Give Each Other

Label : EMI | Genre : Electro / Pop / R’n’B

Le prochain Justin Timberlake sera donc gay et enfievré. Troye Sivan, c’est un joli minois et une voix solaire et sensuelle. Un talent d’acteur certain qui peut sauver la pire des séries (The Idol) et des albums ma foi de bonne facture (convaincant Blue Neighborhood). On est dans la dance la plus pure : le pétaradant Rush, le solaire What’s The Time Where You Are, le manifeste One Of Your Girls, l’hispanique et enlevé In My Room, la confession Still Got It, l’intimiste Can’t Go Back, Baby, Got Me Started et son beat ressuscité de Hasselhoff pour le meilleur, le rythmé Silly, le charmant et aérien Honey, How To Stay With You, véritable déclaration d’amour à la vie et la farniente. L’Australie prouve une fois encore qu’elle fournit régulièrement de beaux artistes. Lumineux, quelquefois sombre, brûlant et chaud comme un été sans fin, Something to Give Each Other est une ode à l’amour fou et à la jeunesse éternelle.

Troye Sivan Something To Give Each Other
Rebecca Black - Let Her Burn
Rebecca Black – Let Her Burn

Label : autoproduit | Genre : Electro / Pop / R’n’B

Ayant quitté les contrées du mème lourdingue (Friday, mon dieu) Black a disparu des radars pendant une décennie. Avant de pondre un album, autoproduit, au message clair. Let Her Burn, ou laisse la cramer. Pas assez clair comme message ? Pas grave, l’album se charge d’y répondre. Erase You, efficace, aérien, qui lorgne vers la teen pop, Destroy Me, classique et entraînant, Misery Loves Company, fragile et tourmenté, Crumbs, magnifique, Doe Eyed, délicat, le très beau Stick To My Stomach, What Am I Gonna Do To You, magique, Cry Hard Enough, à la sauce Taylor Swift, Look At You, d’une tranquillité douteuse, Performer, inquiétant. Une sacrée claque dans la gueule, même si ça manque un peu d’inventivité, car d’autres déesses pop ont déjà repoussé les limites (Charli XCX, Slayyyter). Une voix exceptionnelle (on est à mille lieux de Friday et ses grincements de chèvre), une esthétique sombre, et une revanche sur le passé. Let Her Burn est la preuve que l’on peut rebondir face à un bad buzz avec grâce et force. Chapeau bas, Rebecca !