Pourquoi The Idol est-elle une catastrophe intéressante ? - Alworld.fr

The Idol, critique série : une catastrophe intéressante ?

The Idol, C’était la promesse d’un conte sur la célébrité. Mais l’orgueil et la déroute artistique en décidèrent autrement. Résultat : une catastrophe intersidérale avec toutefois, quelques morceaux de bravoure. Et une réflexion parfois intéressante sur la pop culture.

The Idol, critique de la série événement. On pensait naïvement que HBO était sorti d’affaire sur les flops en règle générale. Comment dire? Sex & The City, Game of Thrones, The Soprano, Six Feet Under, la liste des chef-d’oeuvre est trop longue. Et lorsque la chaîne tente un virage millenial sur une pop star pour ados sur le retour, on était frétillants. La douche n’est pas froide, elle est glaciale comme un iceberg. C’est un désastre à tous les niveaux : acteurs à la ramasse, histoire mal fichue, découpage plus que détestable, histoire contradictoire. Mais pourquoi diable la sauce n’a pas pris ? Qu’est ce qui explique ce four tellement énorme que même les plus méchants tweets sur l’affaire sont presque gentils et touchants ?  Les travers sont légion : une dénonciation du machisme ? Du voyeurisme à tout va. Une découverte musicale ? Une soupe de préjugés. The Weeknd acteur ? Grossière erreur. Un regard intelligent sur la féminité ? Une piscine de clichés obscènes. 

Gêne et déception sont les maîtres mots de cette fable inaboutie sur les affres de la célébrité. De quoi s’arracher les cheveux. Alors que garder de The Idol ? Lily Rose-Depp, injustement désignée de « nepo baby » (comprenez rejeton de célébrité à qui tout sourit), est pourtant celle qui sauve l’histoire avec un talent évident. Mais sa blondeur juvénile et son aura ne suffiront pas à faire oublier les faiblesses du scénario. On peut citer quelques piques intelligentes qu’on voit entre deux cut, noyées par une ambiance plus que malsaine. La réalisatrice principale, Amy Seimetz fut virée sans raison apparente (ou à cause de son supposé féminisme décrié par The Weeknd) à 80% du déroulement de l’histoire pour Sam Levinson d’Euphoria. Raison de plus pour comprendre ce four embarrassant qui a le mérite tout de même de tenter une timide réflexion sur la célébrité…

ATTENTION SPOILERS.

La certitude d’une impasse

Nous sommes le 29 juin 2021, The Weeknd alias Abel Tesfaye annonce à tout le monde qu’il va créer, produire et co-écrire une série dramatique pour HBO aux côtés de Reza Fahim et de Sam Levinson. Ce nom doit vous dire quelque chose puisqu’il s’agit du créateur d’Euphoria, série phare adolescente des Millenials. Autant dire que tout se profilait bien à l’horizon. On y ajoute Amy Seimetz, réalisatrice autrice de The Girlfriend Experience la série, et Simetierre, donc pas franchement une débutante qui en plus à un ton féministe revendicateur dans ses créations. Elle sera également productrice exécutive. Le 22 novembre 2021, HBO a donné à la production un ordre de série pour une première saison de six épisodes. Tout semble bien se dérouler, déjà 80% du travail est fait. Sauf que.

C’est la que tout bascule. En interne, bataille d’égos entre Tesfaye et Seimetz, qui ne s’entendent pas sur l’ambiance générale de la série. Une rumeur tenace affirme que le sous-texte féministe de Seimetz dérangeait Tesfaye. Toute l’histoire de Seimetz est remaniée : une starlette en difficulté devient victime d’un prédateur de l’industrie et se bat pour récupérer sa popularité. Tesfaye insiste plus sur la domination sexuelle et le côté « gourou » de son personnage. Au printemps 2022, Seimetz est officiellement remerciée de la série, alors que le projet touche à sa fin. Levinson reprend les devants, et l’ambiance devient aussitôt toxique. Répliques grasses, scènes salaces mal appropriées, fantasmes de viol, bref tout l’univers semble avoir changé de couleur. 

Le premier épisode sort durant le 76e Festival de Cannes en grande pompe, et l’accueil n’est pas des plus chaleureux. Petite standing ovation de 5 minutes, interprété dans le milieu comme littéralement « tiédasse ». Bientôt, les critiques négatives pleuvent sur la série, sans pitié. « Abjecte », « Trop calibrée », « abîme de vulgarité », le ton est donné. Et pourtant, malgré une réception unanimement mauvaise, certains comme Télérama ou les Inrocks tentent de défendre leur vision. Certes, on peut citer une écriture à la ramasse et un style plus convenu qu’autre chose, mais est mis en avant une tentative de dépeindre un certain star system avec en prime une actrice principale tout bonnement renversante. Après plusieurs visionnages, je ne peux que me ranger à cet avis et même si la série déborde de défauts et de situations fausses, on peut reconnaître que l’on a vécu la naissance d’une future star. Dans un bordel sans nom comme la série critique The Idol, cela a le mérite d’être souligné.

Ces signes avant-coureurs peuvent certainement expliquer déjà tout un temps d’évidence sur le non-succès critique de la série The Idol. Plus grave à mon sens est ce que les producteurs et créateurs du projet ont certainement vu trop gros et trop fort. Qu’il ont bâclé une histoire déjà bien fichue de base en y rajoutant des éléments dispensables. C’est du moins mon avis. Le premier épisode est une sorte de mauvaise surprise en forme d’oeuf géant. L’on voit très peu de tissu couvrir le corps de la pauvre créature, des dialogues aussi intéressants qu’une tranche de pain et une caméra totalement aux fraises.

Je ne peux m’empêcher de soupirer d’effroi face à ce spectacle. Les critiques n’avaient donc pas au final, exagéré (c’est parfois un peu le cas) en parlant de l’étalage obscène de scènes sexuelles. Que dire de l’histoire, y’en a-t-il vraiment une ? C’est évident de voir ces pauvres acteurs se débattre comme ils le peuvent avec un script fauché, tenter d’ajouter un peu de matière sur un morceau de vent. Malgré l’effroi, je ressens une certaine compassion pour eux car leur bonne volonté n’arrive pas à transformer la série The Idol en véritable monument de pop culture qu’il aurait trop souhaité être. Les audiences sont mauvaises, le replay n’aide même pas au score final (comble de l’ironie!). HBO ne renouvellera pas officiellement la série à l’échec critique après le battage médiatique. 

Certes, j’aurai pu passer outre le bad buzz de début et toute la suite de critiques horribles à son sujet. Le pire restait à venir. Si le début s’annonçait laborieux, la suite, elle, allait être pire. J’allais l’apprendre à mes dépends.

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Des contradictions à la pelle

On nous vendait un produit provocant, dérangeant, glamour et sexy. Voici l’histoire de Jocelyn, pop star pour ados fragilisée par la mort de sa mère, tentant de faire un brillant comeback. Manque de pot dans le monde d’Hollywood, elle jette son dévolu sur Tedros, un obscur gourou gérant d’une boîte de nuit de Los Angeles. Les deux s’invectivent, s’intoxiquent, s’aiment malgré tout sous le regard médusé des fans et du staff de la jeune femme. On y parle désir féminin, fantasmes tordus au féminin (toujours non?), recherche intime et dérèglement psychologique, ça promettait.

Mais en réalité tout s’effondre. Il ne faut pas attendre les premières scènes de l’épisode 1 pour que l’on comprenne vite que l’on s’est trompés de série. Le découpage des scènes est charcutée, les scènes s’enchaînent n’importe comme, copiant vaguement le style Gaspar Noé. Quand aux acteurs… roulette russe gigantesque à celui qui aura le moins de charisme. Exit Eli Roth, qui passe son temps à jurer et dire « fuck » »shit » à tout bout de champ. La mère de substitution Da’Vine Joy Randolph est trop peu présente. Ou cette épouvantable caricature de juif séfarade riche Chaim incarné par Hank Azaria, qui n’a pas grand chose à foutre là. La palme de l’inaction revient à The Weeknd, qui hélas, est plus que nul dans cette série. Être un bon chanteur ne permet pas de dire que l’on est forcément un bon acteur. Car pour une bonne Lady Gaga, combien de mauvais films avec Prince, Vanilla Ice, Mick Jagger on s’est tapés pour en arriver là? Un bon paquet.

Malheureusement The Weeknd n’arrive pas du tout à la cheville de ce qu’il aurait aimé être. Pire encore, il est encore plus horrible que ce que l’on s’imaginait. Tedros est un méchant caricatural, avec en prime une queue de rat risible, une façon cliché de fumer, de parler de cul comme on change de chemise. On le voit effaré essayer de se battre avec un mec en couinant comme une souris. Stop. Les seconds rôles au pire indifférents : Rachel Sennott, meilleure amie de Jocelyn, transparente et sans goût, au mieux prometteurs comme l’étrangement excellent Troye Sivan. C’est assez désagréable de voir tous ces acteurs et actrices inégaux s’invectiver, se hurler dessus, essayer de faire quelque chose de potable. Palme d’or aux adeptes de la secte de Tedros, sorte de clichés sur pattes de débiles californiens accros à Coachella. 

Bien entendu, dans la série The Idol, Lily-Rose Depp joue à la perfection. Elle est tout à fait crédible dans la peau d’une star pour ados torturée. Son parcours tortueux et violent la rend d’autant plus touchante que l’histoire ne fait pas grand chose pour la sauver. Ses interactions avec les personnages sont trop brèves et sèches pour entrevoir un semblant de relation. Son duo avec The Weeknd est tout bonnement risible. Une certaine dignité ressort de son jeu, ce qui n’est malheureusement pas suffisant pour sauver la mise. Les moments « sexy » ressemblent plus à du déballage de fesse et de sein sans grande passion, et les scènes de sexe ne sont pas franchement réussies. Sauf peut-être la rare bonne scène de la série, où l’ex de la starlette revient. Les deux s’invectivent, se toisent (avec en arrière plan The Weeknd pitoyable), puis s’unissent dans un moment d’intense partage physique. La seule bonne scène de sexe vraiment crédible et passionnée mais qui, noyée dans l’indifférence, n’apporte rien de neuf.

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Mais le summum du foutage de gueule revient certainement aux intentions du scénario. Vous vouliez un brûlot sexy féministe sur une star à la dérive ? Bienvenue dans le fantasme du viol, avec pelletée de scènes problématiques et de séquences vraiment choquantes. Etrange de parler d’une libération sexuelle féminine lorsqu’on s’acharne à dévêtir le plus possible Lily-Rose Depp. On la traite comme une poupée gonflable et on la ridiculise plus que de coutume dans des moments de tension mornes. Et avec un parangon de paresse d’acting comme The Weeknd, c’est encore pire. Le festival de scènes épouvantables fait son apparition : un coordinateur d’intimité littéralement enfermé dans les toilettes, un cunnilingus sauvage dans une bagnole sur-éclairée. Une masturbation de The Weeknd sur Jocelyn devant un crew et certainement des téléspectateurs écoeurés par la gratuité de cette scène, du SM pour gosses avec manque d’expression à la clé…

Sans parler du « scandale » sexuel du début de la série, où l’on voit crûment le visage de Jocelyn, recouvert de liquide séminal. Vous êtes sérieux ? Mais qu’est ce que diable tout cela signifie ? On sent que l’histoire a passé son tour et qu’elle s’est michée en monstre de contradictions. Exit les belles envolées sur une rédemption de la part des « méchants »  de l’histoire. On préférera encore insister sur ce cliché pourri de la jeunette tordue qui a, en fait « spoiler alert » tout manigancé depuis le début. Pas franchement la belle fable de revanche qu’on aurait souhaité. 

La question qui brûle les lèvres au final est : que garder de tout ce désastre ? Car désastre critique, la série The Idol l’est assurément. En dépit des efforts de certains comédiens, et d’une envie de faire de la provocation intelligente, la série rate complètement sa cible et se vautre dans l’auto-complaisance. Mais sous la couche d’un moment trop appuyé, se niche une toute petite réflexion qui mérite qu’on s’y penche.

Sous l’excès, la fragilité d’une intention

La simplicité n’est pas vraiment le mantra de The Idol. La critique de la série The Idol s’annonce ardue.Dépassée par ses envies, elle déborde continuellement de faux-semblants et de contradictions en tout genre. En forçant trop sur le conte, la série se perd. En cause ? L’écriture complètement claquée de Sam Levinson, qui nous avait pourtant chaviré avec Euphoria… et sa fâcheuse tendance à dénuder toute personne de sexe féminin sans raison apparente. C’était irritant dans Euphoria, c’est carrément insupportable dans The Idol. L’écriture n’aide pas non plus, et l’on sent dans le montage de la série que les intentions sont contradictoires. Si vous vouliez que Jocelyn soit la vraie méchante de l’histoire, il aurait fallu plus d’épisodes et de scènes clé pour accenteur l’ambiguïté du personnage !

On note quelques coups d’éclats. La splendide villa de Jocelyn apparaît comme une prison. Ses « amis » donnent l’impression d’être avec elle pour sa célébrité. Les agents semblant soucieux d’elle sont surtout soucieux de l’argent qu’ils perdent à « cause » de sa fragilité psychologique. Une brillante idée fait son apparition dans l’épisode 2 où l’on voit Jocelyn avoir toutes les peines du monde à tourner un clip vidéo qui vire à la foire d’empoigne. Remarquablement filmée en clair-obscur, avec des acteurs pour une fois inspirés, la scène navigue entre rêverie et cauchemar. Sous le corset serré de Jocelyn ressemblant plus à une armure qu’à un vêtement, l’on sent un corps de femme enfermé dans ses doutes. On a froid dans le dos quand on voit les pieds en sang de la chanteuse qui finit par s’effondrer en pleurs, vaincue par le chagrin, réclamant sa mère morte. Une image franche de la culture pop, prête à broyer des individus pour toujours plus d’argent et de fesse sans se soucier du reste.

Ou encore la scène surréaliste du dîner entre amis, qui se transforme en règlement de comptes sanglant les amis de Jocelyn. Avec un flux d’émotions négatives (orgueil, jalousie, indifférence) qui rend le moment franchement désagréable et fascinant. On préfère s’attarder sur le manque de talent d’acteur évident de The Weeknd, qui lui, ne fait rien pour améliorer son sort.

Sauf peut-être vers la fin, étrangement douce et amère, où l’on comprend que le méchant de l’histoire était Jocelyn. Il tente vainement d’intervenir une nouvelle fois dans sa vie mais se heurte au mur du staff. Forçant un peu, il livre peut-être la seule bonne tirade de la série en se confrontant à Jocelyn. Problème : l’écriture paresseuse et la caméra moribonde ont rendu l’âme et c’est sur un concert à la Taylor Swift que s’achève le désastre.

Lorsqu’un peu d’âme tente de respirer dans ce foutoir, elle est aussitôt aspirée par le mauvais goût. Dommage.

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Le style n’aide pas non plus. La caméra fait n’importe quoi, l’enchaînement des scènes est plus qu’hasardeux. Cela donne une impression d’enfumage de cerveau, qui embrouille davantage une série déjà brouillonne. Pire, à certains moments, il semble même que la mise en scène porte aux nues voire érotise des comportements scandaleux. Et là il faut mettre le hola. Non, frapper une femme avec une brosse, la « prendre » littéralement comme on le veut et éjaculer dans une cabine d’essayage, ce n’est pas sexy bon dieu. Des tirades tout droit sorties des pires films porno font leur apparition. Mention spéciale à celle, abjecte, où l’on entend Troye Sivan proposer au producteur la photo du scandale de Jocelyn comme prochaine pochette du disque. Pour, je cite « montrer qu’elle a des couilles ». Mais comment peut-on parler de libération féminine après de tels propos ?

Surtout que Jocelyn n’est pas la seule victime, toutes les femmes de la série en prennent pour leur grade. La bonne copine Leia (Rachel Sennott) s’amourache d’un noir baraqué et bien membré et se fait prendre façon Pornhub, la fragile Chloé (Susanna Son) à la voix sucrée est si évaporée qu’elle en est invisible, Destiny (Da’Vine Joy Randolph) l’assistante est trop peu mise en avant pour plaire et la pauvre Dyanne (Kim Jennie de Blackpink) est mise au rebut au bout de trois épisodes. Tirent leur épingle du jeu la froide Talia (Hari Zef, bluffante), et la sèche directrice de label Nikki (convaincante Jane Adams) mais dans un laps de temps trop court pour marquer les esprits. Leur présence fantomatique ne fait que renforcer l’aspect rêve et cauchemar de la série et surtout, que le monde de la musique reste encore, un monde d’hommes.

Cela rend la critique de la série The Idol d’autant plus frustrante. Au lieu de dénoncer un patriarcat étouffant et un machisme des plus évidents, la série se vautre dans ses contradictions. On préfère promener Jocelyn en petite tenue en la montrant vulnérable, mais ça ne suffit pas à crier au pamphlet. A certains endroits, l’apparence « clipesque » de The Idol permet l’émergence de certaines scènes réussies (le tournage de clip, le retour de l’ex, la fin). A d’autres, c’est-à-dire la plupart du temps, les femmes sont soumises à un regard masculin des plus malaisants.

 Le script en devient bavard et insupportable, magnifiant plus que dénonçant, la misogynie évidente du milieu musical. Autre élément énervant, c’est que The Idol connait son sujet. Et c’était à première vue, prometteur. The Weeknd n’est certainement pas un inconnu dans ce milieu, et aurait pu montrer qu’il pouvait en faire une critique plus poussée. Lily Rose Depp, avec ses tenues surréalistes et ses chansons classe, rivalise de beauté avec ces pop idols comme Britney Spears, Charli XCX ou Ariana GrandeLe staff de la chanteuse, très ambivalent, semble proche de la réalité, entre coups bas, obsession du fric et indifférence aux traumas de leurs poulains. En ce sens, la série dévoile un peu d’humanité et d’auto-critique. Seulement voilà, l’orgueil démesuré de The Weeknd, l’écriture foirée de Levinson et la production problématiques aura eu raison de The Idol.

Après la tempête… ?

Plein d’entrain avait été déployé pour sortir en grande pompe de The Idol. L’accueil à Cannes fut plus que froid. La critique assassine, The Weeknd en prend pour son grade. Alors que la réception est plus que catastrophique, HBO décide d’annuler un sixième épisode et la série dans la foulée. Exit la saison 2, exit Jocelyn. Restera cette fin étrange avec ce concert hors normes ou Jocelyn se dévoile dans toute la splendeur de la pop culture. Une fin étrangement prémonitoire, qui résume bien le désastre de The Idol : une forte poussée, une esthétique parfaite mais un trop plein d’orgueil qui rend le tout indigeste. Et qui se casse à la fin. Restera peut-être, comme une blague, des articles exaltés de Harper’s Bazaar ou de Vanity Fair sur les tenues extra de la série (elles le sont quelquefois), ou le maquillage so années 2000 de Lily-Rose Depp, en omettant la mollesse de The Weeknd. Des tas de questions nous taraude, assez violemment : The Idol aurait été d’un autre calibre si toutes ces polémiques n’avaient pas eu lieu ? Aurait on assisté à l’éclatement d’un chef-d’oeuvre, d’une véritable réflexion solide sur les affres de la fame? The Weeknd aurait-il été autre chose qu’un acteur nul ? Au lieu de ça, on a l’horrible sensation d’avoir assisté à une oeuvre mort-née, au goût amer.

Si l’on devait critique grossièrement la série, elle est au pire effroyable, au mieux ennuyeuse. Les petites éclaircies ne parviennent pas à sauver l’ensemble d’un naufrage artistique évident, pour toutes les raisons citées. On en vient à s’énerver tout seul devant l’écran, entre aberration et incompréhension. Pourquoi foutre un coordinateur d’intimité aux toilettes parce que Jocelyn veut montrer ses seins? Qui a eu cette idée folle d’engager The Weeknd comme producteur et acteur? Qu’est ce qui prend Sam Levinson de faire du cul de thriller érotique 80’s parce qu’il a travaillé avec Adrian Lyne (le scénario d’Eaux Profondes) ? On soupire d’agacement, car n’est pas Verhoven qui veut.

On ressent alors une empathie évidente pour Jocelyn, jetée en pâture à des regards concupiscents, entourée de vautours affairistes parlant de fric plutôt que de soins médicaux. On imagine le public en attente, choqué par le revenge porn dont elle fut victime. On comprend parfois les efforts de The Weeknd de déniaiser tout cela pour éviter de livrer une énième copie de Britney Spears. Entre vanité et vulgarité, The Idol ne laisse pas indifférente pour tous les éléments nommés. La critique de la série The Idol, forcément négative, est le reflet de son arrogance. Une catastrophe, certes, totale, mais pas dénuée d’intérêt. Il ne nous reste plus qu’à attendre le prochain disque de The Weeknd pour nous conforter à l’idée qu’il reste encore un bon chanteur. 

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