Air – 10 000 Hz Legend Deluxe Edition : le rêve impossible de la machine - Alworld.fr

Air – 10 000 Hz Legend : le rêve impossible de la machine

Air – 10 000 Hz Legend, c’est un coeur robotique qui bat. Après un safari lunaire, Air s’engouffre dans une brèche d’acier, de verre et de froideur. Un rêve de futur où l’Homme cohabite avec la machine, où la musique expérimentale se fait tour à tour glacée, élégante et céleste.

Année : 2001 | Label : Source / Virgin | Genre : Electro

Air, 10 000 Hz Legend. C’était il y a 20 ans. Une période proche des 100 ans pour les jeunes d’aujourd’hui, occupés à s’extasier devant des vedettes d’un jour et des singles toujours plus courts, toujours plus nombreux sur d’innombrables rééditions de leurs musiques préférées. Mais pour moi, c’était comme si c’était hier, que j’écoutais, mi-figue mi-raisin, ce que l’on présentait comme le digne successeur de Moon Safari sorti en 1998. Mais l’album trompa son monde, qui s’attendait à une nouvelle pépite pop, gracieuse et rapide à consommer. Air prit de court ses auditeurs en proposant un disque long, glacial, plus proche des expérimentations de Brian Eno que des sons sautillants d’un Beck ou d’un Coldplay. Comme présage de l’avenir, ce disque étonne par son étrangeté, sa froideur et sa fragilité cachée sous du béton et de l’acier. Une réponse implacable sur un monde en branle, qui connaît à peine l’ADSL et qui n’a pas encore basculé dans le terrorisme de masse. Choqués, voire interloqués par ce brusque revirement, les fans de la première bouderont injustement ce disque, qui allait connaître un vrai succès outre-Atlantique, prisés par les plus grands (Brian Eno himself, Davie Bowie). Pourtant, même après 20 ans, 10 000 Hz Legend de Air en a encore à dire sur lui-même et sur le monde d’aujourd’hui. Une preuve que la musique électronique la plus pure peut cohabiter avec une pop travaillée sans virer à la foire d’empoigne, qu’elle peut se montrer parfois inhospitalière, exigeante à l’écoute, mais profonde quand on s’y attarde. Pour la réédition de ce disque hors-norme avec des titres inédits et remasterisé au son Dolby Atmos, Air nous propose un voyage en arrière dans un avenir imagé, peuplé de machines et de sentiments étranges, entre le spleen et la rage sourde. Sous ses dehors de froid, se cache peut-être un feu intérieur…

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Un des visuels de l'album réalisé par le designer marseillais Ora Ïto - Copyright © ora-ito.com

Air – 10 000 Hz Legend 01-01 : couche inférieure

Après le succès foudroyant et inattendu de Moon Safari, Air enchaînait promos (jusqu’à deux avions par jour!), concerts, galas et avait réussi à obtenir de Sofia Coppola de faire la BO du film Virgin Suicides. Second carton pour le groupe, en plus du film. La routine s’installant, le groupe comprend bien qu’un second Moon Safari aurait pu être problématique pour leur carrière. Ils décident de tout changer et de proposer autre chose que ce qu’on entendait d’eux. Virgin, rassuré par le succès monstre de ce premier disque prometteur, accepte alors de produire un second disque avec plus de moyens. La virée californienne pendant l’enregistrement de Virgin Suicides avait permis au duo de rencontrer des gens de bien : Brian Reitzell, le « music supervisor » de Sofia Coppola, les présente à Beck et ses musiciens. L’envie d’ailleurs, couplée à un amour des technologies naissantes (début de l’internet grand public, la 3D, nouveaux logiciels de musique), se fait sentir. La piste d’un second Moon Safari disparaît au profit d’une musique surprenante et accessible, et le groupe partage son temps entre Paris et Los Angeles pour enregistrer les meilleurs sons dans les meilleurs endroits possibles : la Sound Factory d’Hollywood, ayant vu dans ses locaux Marvin Gaye, Dolly Parton, Brian Wilson, les Jackson 5, et le petit studio parisien Apollo de l’Abbé Grégoire. Le gros côtoie le microscopique : les sons d’orchestre énormes, les machineries du diable se mêlent sans peur aux bruits infimes, aux bruissements sonores presque inaudibles. Le processus est long, ce qui étonne les musiciens anglais, habitués à des délais plus courts – un mois, et on plie tout. Le matériel est aussi hétéroclite : les machines vintage se tiennent à côté de claviers dernier cri. Dunckel excelle au piano classique, tandis que Godin est aux guitares et aux basses. Le duo fonctionne à merveille, en toute symbiose. Avec les moyens de Virgin, Air se permet la folie des grandeurs.

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Un des visuels de l'album réalisé par le designer marseillais Ora Ïto - Copyright © ora-ito.com

10 000 Hz Legend de Air sort en 2001, aussitôt qualifié par les Anglais de « prog rock », ce qui agace le groupe. Mais la French Touch se meurt doucement. Les belles heures du genre sont derrière la foule qui part péniblement se coucher dans ses pénates. L’heure n’est plus au revival class des 70s ou des touches de clavier froides stylées. On préfère les boucles ringardes de disco sur des voix auto-tunées que des élégies électro avec la guitare. David Guetta a remplacé Cassius aux platines, c’est la fin d’une époque. L’electroclash a tout brûlé sur son passage dans les discothèques branchées de l’an 2000. Malgré les promesses du label, l’album ne marche pas aussi bien que Moon Safari. Surtout, le 11 Septembre a terrassé la joie de vivre et les moyens financiers s’évanouissent. La critique reconnaît la beauté de l’album mais le public ne suit pas. Les amateurs de la première heure trouvent le disque trop froid, trop fou, trop gonflé. D’autres crient au génie, s’émerveillent sur le côté lisse et sans taches de leur nouveau son, et louent leur besoin de fournir un objet artistique étrange et beau. Dans la beauté réside peut être la promesse d’une meilleure existence. Dans la couche inférieure des sons secrets, un rêve de robotique.

01-02 : couche mitoyenne

En perçant la première couche d’acier, le son se veut acéré. Finis les atermoiements de Moon Safari, les rêveries douceâtres ont laissé place aux expérimentations glacées. Electronic Performers est un hymne en puissance, tournée vers les horizons lointains, avec du tumulte et des espaces de respiration longs et planants. Il lance la couleur, une couleur gris clair comme le béton ou l’acier. On est foudroyés et bien décidés à descendre du van lunaire pour prendre le tube de métal vers l’inconnu. Côté graphique, Air fait fort encore une fois. Exit Les portraits à l’aquarelle doux et reposants du graphiste Mike Mills du premier opus sous forme de thérapie, et bienvenue aux environnements kubrickiens du designer Ora Ïto, rehaussés par un assemblage graphique digne des plus beaux rêves de Far West avec un Monument Valley des réalisateurs de Machine Molle, pour le clip d’Electronic Performers. Une étrange odyssée en noir et blanc, où des oscillations forment un rythme cardiaque, des tentacules, un arbre de vie, une espèce de colonne vertébrale. En conclusion épique, toutes ces courbes forment un bébé dans le ventre de sa mère. How Does It Make You Feel, hommage à la pop planante de Michel Polnareff, est une pépite sidérale – le clip est réalisée par l’agence H5. Une chanson d’amour vouée à l’échec, comme si un tel sentiment était vain dans un futur proche. Face à cette question essentielle, « que ressens-tu? » la réponse est tragi-comique : « je pense que tu devrais arrêter de fumer ».

Un des défauts de cette couche mitoyenne est finalement Radio #1. La chanson n’est pas mauvaise, elle est même bien meilleure après quelques écoutes, mais souffre parfois d’un manque de clarté. On la sent peu à sa place et en même temps elle semble être l’emblème du disque. Maîtrisée, foutraque, aussi appréciée que mal aimée, Radio #1 est sublimée par sa constance, et sa batterie éclatante à la fin en forme d’apothéose. Nous reprenons à peine nos esprits qu’un western surréaliste nommé The Vagabond, pimenté par une intro à l’harmonica inspirée, nous explose à la figure. L’album glisse doucement vers une autre dimension. La voix de Beck, brûlante et un peu cassée, est parfaite dans cette ballade dans l’Ouest américain qui dégénère en rêverie sous acide. Le rêve a des tonalités âcres, avec ce rire sardonique modifié au synthétiseur en guise de fin, ou encore ces roulements vocaux triturés par ordinateur. Plus loin, on atterrit sur une longue plainte aux accents terrestres (percussions inspirées), agrémentée de vocalises mystérieuses, Radian. En mathématiques, le radian est l’angle au centre qui intercepte sur la circonférence un arc égal au rayon, soit une mesure parfaite reconnue internationalement. Un piano magique nous entraîne vers le monde d’Enio Morricone ayant abusé du synthé, puis une guitare tout aussi magique nous interrompt dans notre rêverie pour nous promettre le meilleur de ce que Brian Eno, faisait de mieux jadis, dans ses expérimentations. Le chaud et le froid se mélangent sans recul dans cette ritournelle entre ciel et Terre, la dureté et la douceur.

Air – 10 000 Hz Legend 01-03 : couche supérieure

Nous arrivons au coeur de la fournaise. La plus belle chanson de l’album, exposant enfin toutes les capacités harmoniques du groupe Air, Lucky and Unhappy, est une tornade d’émotions. L’intro un brin flippante, inhospitalière, laisse place à des sons inconnus, qu’on devine en forme d’oscillations, se mêlant à des voix de femme et aux vocalises de Nicolas Godin modifiées. Puis l’on est transporté vers un tunnel stellaire, où l’atmosphère se fait pressante, dérangeante. Elle devient encore plus dérangeante quand, au beau milieu de cette peur, des lucioles sonores, stridentes, éclatent en choeur. Notre esprit se liquéfie. La chanson monte et monte encore, pour atteindre un autre ciel. Les paroles sont éloquentes : Do I Need ? Destiny. « De quoi ai-je besoin? de destinée ». En pleine méditation sur cette pensée, la conclusion se fait abrupte, mettant brusquement fin à notre rêverie. Un peu groggy, on enchaîne péniblement sur Sex Born Poison, qui nous retourne encore et encore. Si l’atmosphère de la chanson précédente était dérangeante, on nage ici en plein film d’horreur. Les voix tordues de Godin et Dunckel ne nous rassurent nullement, et c’est avec crainte que l’on bascule vers la peur, la vraie. Le duo de chanteuses américano-japonaises Buffalo Daughter fait grande impression dans ce désordre sensoriel, plus proche de Vendredi 13 que de Kubrick. Sans crier garde, une ouverture positive, agrémentée de violons délicats et d’une guitare rassurante, s’ouvre. Pour mieux se refermer sur nous. Le son se fait poisseux, le chant plus désincarné qu’auparavant. La fin est en forme d’apothéose, avec ces bourdons de clavier virevoltant autour de nos têtes. L’on touche à la quintessence de ce que Air est capable de faire en terme d’expérimentations. Mais le chemin est encore loin d’être fini.

Sans ressources, la fausse tranquilité de People In The City, nous accueille. Eprouvés par ces sons peu accueillants, la chanson est parfois en demi-teinte avec ces variations de claviers et ses chants parfois peu inspirés. Encore un fois, l’arrière-plan se montre plus intéressant que le reste. Un chant désespéré sur une routine que l’on connaît que trop bien : vivre, boire, manger, voir, marcher, parler, tels sont les humains de ce troisième millénaire ? Pas de réponse franche à ce désarroi de bon aloi. Reste une qualité indéniable, un peu minée par des refrains un peu répétitifs. Reste la parfaite maîtrise de Dunckel sur ses machines adorées: les synthétiseurs Moog trouvent une seconde jeunesse sous ses doigts de pianiste aguerri. Le coeur du disque semble avoir été atteint à ce stade. Pourtant la couche supérieure se brise pour laisser découvrir une autre couche, cachée par les sons. Cette membrane invisible se découvre alors que le disque touche à sa fin. Que nous arrive-t-il ?

01-04 : couche invisible

Retour au western sous acide, Wonder Milky Bitch. Longue, distendue, tordue en bouche, au goût parfois amer, cette histoire n’est pas simple à digérer tant elle se révèle insaisissable. Difficile de ne pas aimer pourtant. Beck et ses vocalises sont de la partie, elles complètent à merveille cette réflexion sur une femme facile, aux charmes juvéniles, « avalant » au sens propre comme au sens figuré les « choses de la vie » – il vous faut un dessin ? Cette ombre sexuelle même, hante toute la chanson, la voix de Dunckel n’avait jamais été aussi sensuelle et aérienne, bien fidèle au style céleste du groupe, et qui ne nous lâche pas jusqu’à la fin. Le majestueux chant des nuages appelé Don’t Be Light à cette ballade hystérique. Ici, point de bruits terrestres, la stratosphère nous tend les bras : violons inspirés, voix féminine d’opéra aux vocalises grandioses, l’aperçu d’un nouveau paradis. L’on retombe sur Terre, ou bien sur une station spatiale. Les « bips » et « blops » pourraient tout aussi des cris de machine affamée que des hallucinations sonores. Reste ces riffs de guitare énervés qui nous ramènent un peu d’humanité dans ce chaos organique ou mécanique, c’est selon.

Le message de Dunckel est clair au sujet de Dont Be Light :

C'est un message adressé aux gens. Je sais que ça peut paraître prétentieux, je sais que personne n'en a cure (rires) mais c'est juste une façon de dire "sois toi-même, ne fais pas partie de ce système industriel qui te demande de consommer de la lumière." C'est une pensée globale, vous savez. Nous aimons cela. C'est un jeu de mots.

Don’t Be Light n’est pas seulement la meilleure chanson de l’opus, elle est un véritable rollercoaster d’émotions. A la moitié de la chanson, le rythme se brise, le ton change, se fait plus introspectif. L’on ressent les effets d’une chaleur dérangeante, d’une moiteur inédite, poussée par la voix spectrale et brute de Beck. La batterie se fait hypnotique, les sons plus insidieux, le violon plus sombre. La spirale nous accueille et l’on disparaît dans le fond. Sans un bruit, la chanson revient à ses débuts, avec ses sons échappés d’un didjeridoo aborigène complètement cracké et ce sifflement moqueur. Le paysage disparaît dans le lointain.

Comme conclusion à cette épopée échappée d’un film de science-fiction, Caramel Prisoner nous englobe de ses cliquetis de cockpit spatial sur orbite. Un long et lancinant tunnel de chants d’harmonie pure aboutissent à une guitare mélancolique, puis à un brouhaha sonore où éclatent quelques bips sonores émergés d’on ne sait où. Nous sommes comme transportés hors de notre corps de simple mortel pour rejoindre peut-être quelque chose de plus grand, jusqu’à être terrassés par une vague sonore semblable à du sable retourné. Une fin logique à un parcours expérimental d’une grande richesse, que personne n’avait vu venir de la part de deux Versailles condamnés à n’être qu’un groupe à un seul disque à succès.

Bonus non négligeable à cette sacrée histoire : The Way You Look Tonight, chanson supplémentaire sur cette réédition. On retrouve un peu du Air de Moon Safari, même si l’on sent que l’expérience, le succès monstre et leurs expérimentations poussées sont passées par là. Une chanson méconnue, présente uniquement sur la compilation de remixes de morceaux tirés de 10,000 Hz Legend, Everybody Hertz, sortie en 2002, que je conseille fortement. Elle ajoute à 10 000 Hz Legend une sorte d’exutoire, en forme de promesse amoureuse. Un chant d’amour narré par Godin et Dunckel sur une note basse, ressemblant à un souffle, destiné à toutes les femmes de la Terre. The Way You Look Tonight, « à quoi ressembles-tu ce soir », où le duo se fait caressant et mystérieux face à la femme de leurs fantaisies. Côté musique, un véritable bonheur de fan avec cette électro toujours parfaite et doucereuse, qui s’interrompt brusquement face à une cacophonie de sons contraires, ressemblant fortement à une interférence venue d’ailleurs. La chanson s’emballe, le chant d’amour disparaît alors, la catastrophe semble imminente, puis tout s’évanouit sans laisser de trace.

Prouesse technique, rêve de robotique

Pour les 20 ans de ce disque inoubliable, Apple a accepté de le rééditer avec le son Dolby Atmos (plus d’explications sur ce dispositif ici) Ce qui aurait pu apparaître comme une coquetterie s’avère salutaire pour un disque tel que celui-ci. Les promesses de futur, les voyages entre deux galaxies, les sentiments d’amour et de mort se font plus forts. L’album atteint un niveau immersif inédit, et pour les chanceux aux multiples enceintes, une écoute en 3D jamais vue rend l’expérience encore plus intense. La batterie se fait plus tonitruante, les chants plus inspirés, les sensations plus bouleversantes. Et gare aux fétichistes de l’enceinte, car il est possible de retranscrire une ambiance de concert philharmonique avec pas moins de 34 enceintes placées de façon étudiée (droite, gauche, hauteur, etc) ! On salue le travail acharné des ingénieurs sons Gildas Lointier et Bruce Keen, qui ont su exploiter toute la force de cette nouvelle technologie sans dénaturer un seul instant cette album titanesque. On remercie aussi l’initiative de Nicolas Trotot, brand manager chez Warner Music France, qui eut la bonne idée de fêter les 20 ans de ce disque là avec cette nouvelle technologie. Vous pourrez en savoir plus sur ce travail de fourmi à cette adresse.

Que dire d’une telle aventure ? Rares sont les rééditions à ajouter quelque chose de neuf à ce qui a déjà été fait dans le passé. Mais 10 000 Hz Legend Deluxe Edition n’est pas de cet acabit. La technologie Dolby Atmos permet un bond de géant dans le futur du son et permet par la même occasion d’ajouter un peu d’or dans ce carcan luxueux. Mais il ne faut pas oublier l’essentiel : c’est l’album le plus collaboratif de Air. Avec 10 000 Hz Legend, Air trouve sa force en tant que groupe de musique, c’est l’album de la mutation totale. Long, harassant même dans le dévoilement de ses prouesses techniques, plein de prises de risque, cet opus déroute mais passionne toujours autant, même après plus de 20 ans d’expérimentations en tout genre. Quelle ne fut pas ma surprise de le savourer encore et encore après toutes ces années passées. Comme si au fond, l’album avait toujours quelque part une sorte d’ouverture secrète où chacun s’engouffre, et que l’on se surprend à découvrir quelque chose de nouveau à chaque nouvelle écoute.

Il est clair que pour certains, 10 000 Hz Legend de Air évoque un voyage spatial à 10 000 kilomètres de la planète Moon Safari effrayant au premier abord. Mais passé la première impression, on se prend au jeu. Le voyage se fait prenant, captivant. Il nous bouleverse par ses recherches constantes, cette obsession de la parfaite harmonie, ce besoin viscéral de se dépasser en tant que qu’album d’un groupe qu’on pensait voué à disparaître. Merveilleux il fut lorsqu’il sortit en 2001 dans un climat de fin du monde (la mort de la French Touch, le terrorisme), merveilleux il reste deux décennies plus tard et merveilleux il restera certainement dans un millier d’années.

Qu’il soit réédité, amélioré, retourné, lessivé, avec la patine du temps ou sans trace de vieillesse, 10 000 HZ Legend reste un album essentiel, méconnu, renversant de beauté et d’intelligence, la pierre angulaire d’un groupe de musique visionnaire, conscient de ses pleines capacités. Preuve qu’un groupe peut se surpasser personnellement et musicalement, bref, une preuve inoubliable.

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